Article publié le 2014-06-10 par Daouda Emile OUEDRAOGO Dossier
import-export en Afrique / Produits exportés - Une diversité à promouvoir [03/2014]
Vendeuses de bananes plantain © Romanceor

L’Afrique exporte des milliards de tonnes de produits chaque année en direction du reste du monde. Produits manufacturés, produits issus de l’agriculture, les produits africains tiennent la dragée haute aux produits des multinationales.

Les exportations africaines ont rapidement augmenté depuis 2000. Lors de la précédente décennie (1990 – 2000), elles n’avaient que légèrement augmenté, passant de 126 milliards de dollars à 159 milliards de dollars, tandis que la part de l’Afrique dans le commerce mondial avait chuté de 2,9 % à 2,0 %. Entre 2000 et 2006, elles ont progressé jusqu’à atteindre 290 milliards de dollars et la part de l’Afrique dans le commerce mondial est remontée de 2,0 % à 2,3 %. Malgré une nette augmentation de ses importations, l’Afrique conserve une balance commerciale excédentaire.

Alors que des progrès ont été observés en ce qui concerne les exportations de nouveaux produits, l’essentiel de cette croissance est dû à l’explosion des prix du pétrole et des produits non manufacturés. 4 des 5 plus grands exportateurs africains de biens en 2005 étaient des exportateurs de pétrole. A peine 13 pays africains ont été capables d’accroître la diversification de leurs exportations entre 2000 et 2005 – tous les autres pays ont soit stagné, soit reculé sur ce plan, et moins de 30 % des exportations d’Afrique sub-saharienne comprennent des produits manufacturés, contre une moyenne de 70 % pour les autres pays en développement. Des problèmes significatifs liés à l’offre et à la compétitivité ont empêché les pays africains de tirer le meilleur parti des accords commerciaux préférentiels existants (Cotonou, TSA et AGOA), si ce n’est pour les textiles. Moins de 30 % des exportations de l’Afrique subsaharienne comprennent des produits manufacturés, par rapport à une moyenne de 70 % pour tous les pays en voie de développement. Mesurée sur le long terme, la part de l’Afrique dans le commerce mondial peine toujours à atteindre la moitié du niveau qui était le sien au début des années 1980, et reste insuffisante pour maintenir une croissance économique accélérée et réduire la pauvreté. Les systèmes d’échanges commerciaux ont toutefois beaucoup évolué. Bien que l’Europe demeure le principal partenaire commercial de l’Afrique, le commerce avec l’Asie – et la Chine en particulier – croît rapidement, en grande partie du fait des exportations de pétrole et de produits primaires. Le commerce intra-régional entre pays africains demeure inférieur à celui des autres régions, atteignant moins de 10 % du commerce extérieur total du continent (contre près de 20 % pour l’Amérique latine, et près de 40 % pour l’Asie).

Le pétrole et les produits alimentaires prisés

Les produits alimentaires africains sont très prisés sur le marché international. Produits des crus, du frais, du naturel sans colorants, les produits alimentaires africains occupent une place de choix sur le marché international. Le marché ouest africain des produits alimentaires émerge comme une source de saveurs exotiques à un moment où les marchés étrangers exigent de nouveaux produits. Sur le marché mondial, les importateurs sont prêts à sourcer leur produits de loin et veulent tirer profit des accords de libre-échange comme la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) qui propose une entrée en franchise douanière sur le marché américain.

En 2010, environ 1,8 milliard de tonnes de pétrole brut, soit l’équivalent de 45 % de la production mondiale, ont été chargés sur des navires-citernes et transportés sur des routes maritimes établies. Le rythme des échanges mondiaux de pétrole et la dépendance à l’égard de sources d’approvisionnement éloignées se sont accrus au cours des dernières années. La Chine et l’Inde devenant les principaux importateurs, tandis que l’Afrique de l’Ouest et, plus récemment, le Brésil grâce à ses dernières découvertes de pétrole au large, devenant des exportateurs de plus en plus importants. Avec la découverte plus récente de champs pétroliers et l’épuisement de certaines réserves en Europe et en Asie occidentale, les réseaux mondiaux de l’offre et de la demande de pétrole évolueront sans doute (les exportations du Brésil à destination de l’Asie en sont un exemple). En raison de leur demande en expansion constante et de leur dépendance croissante à l’égard des importations pour y faire face, les compagnies pétrolières chinoises ont, au cours des dernières années, intensifié leurs investissements dans des activités d’extraction et de production pétrolières à l’étranger par le biais de partenariats stratégiques et d’acquisitions. Dans la perspective d’une approche géographique diversifiée de son approvisionnement, la Chine a constitué un imposant réseau mondial en procédant à des investissements dans des pays voisins (Fédération de Russie et Kazakhstan) et en élargissant ce réseau à l’Australie, à l’Afrique de l’Ouest, au Soudan et aux Amériques.

Moderniser et diversifier

Il est important de moderniser et diversifier l’offre africaine afin de réduire sa vulnérabilité aux fluctuations conjoncturelles, à la volatilité des prix et aux variations climatiques. De nombreux pays africains dépendent d’un seul produit de base pour réaliser plus de 50 % de leurs recettes d’exportation ; et les indices de diversification des exportations africaines sont demeurés pratiquement inchangés entre 1995 et 2005 : le nombre de produits exportés est ainsi passé de 261 à 260, l’indice de diversification de 0,592 à 0,556 23 (CNUCED). L’augmentation de l’investissement est la meilleure manière d’accroître la diversification des économies. Elle dépend de l’amélioration des réglementations économiques, de la responsabilité des entreprises et de la lutte contre la corruption, ainsi que du développement des infrastructures et des marchés financiers. En effet, si l’Égypte, le Ghana et le Kenya ont été classés parmi les dix principaux réformateurs au niveau mondial (IFC), des efforts sont encore nécessaires en matière de simplification de la réglementation économique : l’Afrique demeure le continent dans lequel le coût et les délais de réalisation des activités économiques sont les plus élevés (IFC). Sur le continent, l’investissement dans les infrastructures progresse rapidement. Des progrès doivent être accomplis en termes d’élargissement des marchés financiers afin de favoriser un meilleur accès aux différents marchés.